Claude Piron

Lettre à Radio Polonia


Estimata Sinjorino, Estimata Sinjoro,

Madame, Monsieur,


Kun granda surprizo mi legis en via retejo jenan aserton de Andrzej Chłopecki pri la lingvo esperanto:


C'est avec une vive surprise que j'ai lu sur votre site l'affirmation suivante d'Andrzej Chłopecki au sujet de l'espéranto :


"Chór Koszewskiego z realności ludowej przekształca się w surrealność abstrakcyjną - nic więc dziwnego, że w La Espero kompozytor sięga po język esperanto Ludwika Zamenhofa, język wymyślony niby po to, by był żywy i współczesny, lecz u swych narodzin skazany na to, by był (jak łacina?) martwy, sztywny i archaiczny."


Mi ne nur interparolas, telefonas aŭ retmesaĝas en esperanto ĉiutage, sed en tiu lingvo mi ofte prelegas. Pasintan monaton Pola Radio (Barbara Pietrzak) intervjuis min en esperanto. Mi dufoje instruis en ĝi pri internaciaj rilatoj en San Francisco State University kadre de someraj kursoj. Mi publikigis en ĝi seson da romanoj, poemaron kaj kasedon da kantoj, kiuj estis tre bone akceptitaj de la publiko. Nomi tiun lingvon morta, rigida kaj arkaika estas tute simple trompi la publikon. Mia tuta sperto montras la falsecon de tiu ideo. Mi publikigis plurajn verkojn en la franca, same kiel en esperanto (unu el miaj franclingvaj libroj, "Dieu, mon psy et moi", ISBN 2-88011-374-1, eliris el la presejo antaŭ nur du semajnoj) kaj mi scias, pri kio mi parolas, kiam mi asertas, ke la franca estas pli rigida lingvo ol la zamenhofa (vidu mian artikolon: "L'espéranto, le point de vue d'un écrivain", Le langage et l'homme, 1987, 22, 3, pp. 266-271).


Mi ne dubas, ke s-ro Chłopecki pur-intence esprimis sin. Sed li tute klare nenion scias pri la temo, kaj estas bedaŭrinde, ke li publike faris tiun misinformigan aserton. Estus saĝe ĝin reĝustigi.


Non seulement je converse, téléphone ou envoie des messages électroniques chaque jour en espéranto, mais c'est une langue dans laquelle je donne souvent des conférences. Le mois dernier, la Radio Polonaise (Barbara Pietrzak) m'a interviewé en espéranto. C'est une langue dans laquelle j'ai donné à deux reprises un enseignement sur les relations internationales à San Francisco State University, dans le cadre des cours d'été. J'ai aussi publié dans cette langue une demi-douzaine de romans, un recueil de poème et une cassette de chansons, auxquels le public espérantophone a réservé un accueil chaleureux. Dire de cette langue qu'elle est morte, rigide et archaïque, c'est tromper le public. Toute mon expérience s'inscrit en faux contre cette idée. J'ai publié en français aussi bien qu'en espéranto (un de mes livres en français, "Dieu, mon psy et moi", ISBN 2-88011-374-1, est sorti de presse il y a quinze jours à peine) et je peux affirmer en sachant de quoi je parle que le français est plus rigide que la langue de Zamenhof.


Je ne doute pas que M. Chłopecki s'est exprimé de bonne foi. Mais il est clair qu'il ne connaît rien au sujet, et il est regrettable qu'il se soit laissé aller à transmettre au public cette information fallacieuse. Il serait sage de publier un rectificatif.


Altestime via,


Meilleures salutations,


Claude Piron, iama profesoro ĉe Ĝeneva Universitato, aŭtoro de "Le défi des langues" (Parizo : L'Harmattan, 2-a eld. 1998), 22 rue de l'Etraz, CH-1196 Gland, Svislando


Claude Piron, ancien professeur à l'Université de Genève, auteur de l'ouvrage "Le défi des langues" (Paris : L'Harmattan, 2e éd. 1998), 22 rue de l'Etraz, CH-1196 Gland, Suisse